Dès mes plus jeunes années, la vie m’avait imposé le mode ralenti, conséquence d’un asthme à la sévérité rare.Toute accélération du rythme se payait comptant au prix de l’asphyxie. Très vite, j’établis une relation particulière avec le souffle, ce courant d’air vital.
Si ma dépendance à l’air me clouait au sol, je me sentais pourtant porté par lui. Il me nourrissait de rêves aériens. Les récits de Mermoz, Saint-Exupéry, Guillaumet et tant d’autres berçaient mes nuits et inspiraient mes jours. Sans pouvoir l’expliquer, j’avais la certitude que je me réaliserai dans les airs.
Je m’y élèverai, c’était une évidence. Mais pour le moment, la vitesse, nécessaire à l’envol, me restait inaccessible. Alors je cultivais la légèreté dont j’aimais à rappeler qu’elle n’est pas le contraire de la profondeur mais celui de la lourdeur.
En janvier 1989, sur un chantier, une crise sans précédent m’emmena sur « l’autre rive ». On annonça ma mort à mes proches.
Erreur de diagnostic, je revins à la vie comme on revient d’un voyage très lointain. Les limites repoussées, puissamment.
Ma nouvelle vie pouvait commencer, guidée par les étoiles de futurs remarquables.